Aguirre … un autre aspect de la Renaissance

La Renaissance, le Nouveau Monde, l’El Dorado … tout ça (et bien plus encore !) dans un seul film : Aguirre, la colère de Dieu.

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Pendant la Renaissance, en 1557, le vice-roi d’Espagne  au Pérou  apprend de la bouche d’un indien l’existence d’un El Dorado amazonien. Il envoie tout ce que la contrée compte d’aventuriers sans foi ni loi à la recherche de l’or.  Aguirre, l’un d’entre eux,  prend rapidement et brutalement la tête de cette équipée sauvage. C’est sur la base de  ce récit historique que Werner Herzog, dans sa magnifique fresque (qui serait presque épique si elle n’était d’abord plutôt pathétique), nous fait vivre la descente aux enfers de ce groupe de soudards. L’acteur Klaus Kinski est réellement fascinant dans le rôle d’Aguirre,  chef cruel s’acharnant à poursuivre ses rêves de devenir un nouveau Cortez (l’homme qui a vaincu les Aztèques avec une poignée de conquérants). Son crédo: ne pas s’arrêter, malgré la maladie, les complots, le fleuve et les flèches des Indiens.  Seule parenthèse de calme et de beauté dans ce monde de brutes: sa fille, qu’il a embarquée avec son équipage, et qui semble presque surréaliste dans cette nature hostile, au milieu de cette horde de barbus casqués boueux et dépenaillés. Les personnages sont sales, hirsutes, patibulaires, et donc, très vraisemblables. Les conditions de tournage extrêmement dures, en pleine jungle,  leur donnent un aspect vraiment réaliste, même si, il est vrai,  la fin du film s’éloigne de la vérité historique.  Certes, il y a de longs plans ou presque rien ne bouge, ce qui pourrait rebuter les amateurs de cinéma pulsionnel, mais cet immobilisme n’en est pas un, c’est la fatalité du fleuve qui participe de cette ambiance pesante, une ambiance qui fait de ce film un monument du cinéma des années 1970. Un passage pourra particulièrement intéresser les élèves de seconde : la rencontre entre des amazoniens et des conquistadores. On y voit en effet la confrontation de deux mondes, deux « civilisations »  dont l’une sera victime de  la folie meurtrière de l’autre. Les penseurs de la Renaissance étaient  passionnés par la folie, mais aussi par  l’homme à l’état sauvage (mille questions se posent pour les Européens après leur rencontre avec les amérindiens), et ces deux thématiques sont développées par Werner Herzog.  

 

Vous pourrez découvrir quelques images de ce cinéma inhabituel en allant ici :

http://www.youtube.com/watch?v=FXk3tOEOS9U (mais attention, ça n’est pas un extrait, c’est le  montage d’un internaute)